En ce 17 juin 2025, Lio souffle ses 63 bougies. Une nouvelle année qu’on lui souhaite douce, malgré les tumultes que la chanteuse a connus, entre difficultés financières, isolement artistique et départ contraint de France. Retour sur un parcours chaotique mais profondément humain.

Figure emblématique des années 1980, Lio a longtemps incarné une pop décomplexée et espiègle, marquée par ses tubes comme « Banana Split » ou « Les brunes comptent pas pour des prunes ». Mais derrière l’image colorée, la réalité s’est révélée bien plus amère. En mai 2024, elle lançait un cri du cœur sur Instagram : elle n’avait plus les moyens de financer son nouvel album. Dans une vidéo tournée à la volée, elle en appelait à la solidarité de ses fans, expliquant qu’elle n’avait « pas les sous pour continuer ». Une cagnotte participative a été mise en ligne, proposant précommandes d’album, tee-shirts et billets de tombola.

Cet appel a touché droit au cœur. En moins de deux semaines, l’objectif a été dépassé de 36 %. Portée par cette réussite, Lio a promis un disque indépendant, réalisé « comme elle l’entend », sans vendre ses droits à une major. « Une chanteuse pop de 60 ans, il n’y a que moi qui en veux », lançait-elle alors, lucide et mordante.

L’ombre persistante des difficultés financières

L’argent n’a jamais été le grand allié de Lio, même aux heures de gloire. En 2022 déjà, elle confiait à Gala vivre « à flux tendu », se définissant comme « nomade » et fragile, sans trésorerie ni stabilité. « Je ne me suis jamais occupée de tout ça », admettait-elle, évoquant une forme de désintérêt pour la gestion de ses gains passés.

L’un des épisodes les plus douloureux reste la perte de sa maison à Vitrac-Saint-Vincent, en Charente. Acheté en 1993 avec son compagnon d’alors, Alexis Tikovoï, le bien a été saisi par le tribunal d’Angoulême pour rembourser les dettes d’une société immobilière qu’ils avaient montée ensemble. La maison, bradée aux enchères pour l’équivalent de 17 400 euros, a été rachetée… par la commune elle-même.

« Je suis riche de plein de choses, mais pas sur mon compte en banque », lançait-elle plus tard sur le plateau de Quotidien en 2018.

L’exil à Lisbonne, entre lumière et renouveau

Après ce coup dur, Lio a quitté la France pour s’installer à Lisbonne, dans un quartier populaire qu’elle chérit pour son énergie. Ce retour au Portugal, pays de ses racines, semble lui offrir un semblant d’apaisement, loin des projecteurs parisiens et de l’instabilité chronique. Elle continue d’y vivre modestement, mais avec une certaine fierté d’avoir conservé son intégrité artistique.

Son nouveau projet musical, réalisé aux côtés d’artistes comme Hoshi, Corine ou Betta Lemme, démontre qu’elle refuse de se laisser enfermer par l’âge ou les conventions de l’industrie. Lio reste une voix libre, frondeuse, profondément féminine et indomptable.

Une célébration en demi-teinte mais pleine de sens

À 63 ans, Lio ne triche pas. Elle vieillit sans filtre, sans détour, loin du mythe de la star figée dans sa jeunesse. Sa franchise, sa combativité et son amour intact de la scène en font une artiste à part, plus fragile mais aussi plus touchante que jamais.

Ce 17 juin, c’est moins la starlette qu’on célèbre que la femme résiliente, celle qui transforme ses galères en chansons, et ses blessures en cris d’amour. Car si Lio ne possède plus de maison, elle conserve l’essentiel : une voix, une sincérité, et un public qui ne l’a jamais totalement oubliée.