À 96 ans, Line Renaud n’a rien perdu de sa voix, ni de sa détermination. Monument de la chanson et du cinéma, elle s’impose encore aujourd’hui comme une femme de convictions.

Son engagement en faveur de la fin de vie choisie, exprimé avec dignité et courage, offre un regard poignant sur une question humaine et sociétale majeure.

Line Renaud, née Jacqueline Ente, a marqué la mémoire collective française dès les années 1940 avec une voix reconnaissable entre toutes. Son titre « Ma cabane au Canada », couronné par le Grand Prix du Disque en 1949, propulsa sa carrière. Elle triompha sur les plus grandes scènes parisiennes, du Moulin Rouge au Casino de Paris, avant de séduire le public américain à Las Vegas. Entre la variété et le music-hall, elle a porté la culture française au-delà des frontières, côtoyant les légendes Dean Martin et Frank Sinatra.

Une vie d’amour et de fidélité aux valeurs

C’est aux côtés de son mari, le compositeur Loulou Gasté, que Line Renaud a tissé l’étoffe d’une existence pleine de passion. Ensemble, ils ont mené une vie faite de projets artistiques, mais aussi de valeurs profondes et d’une vision partagée de l’amour comme moteur de toute aventure. Dans son autobiographie Merci la vie !, elle écrivait : « Faire la route à deux… Je n’ai jamais imaginé traverser l’existence autrement ». Une déclaration qui résume la tendresse et la stabilité qui ont jalonné son parcours.

Une icône engagée, entre scène et militantisme

De retour en France après ses succès à l’étranger, Line Renaud a conquis le théâtre et la télévision, tout en menant un combat acharné contre le sida, auprès de nombreuses associations. À l’aube de son centenaire, elle reste une référence du paysage culturel et humaniste français. Sa dernière apparition dans le téléfilm Résistantes, diffusé le 7 mai sur France 2, témoigne de la puissance d’une actrice toujours capable d’émouvoir par sa présence et sa justesse.

Un combat personnel pour le droit à mourir dans la dignité

Depuis plusieurs années, Line Renaud milite pour la légalisation de l’aide active à mourir. Dans son ouvrage Merci la vie !, elle aborde sans détour sa propre fin de vie. « Si je dois souffrir, je veux partir tout de suite », confie-t-elle avec sérénité. « C’est mon ultime liberté, choisir sa mort ». Pour elle, il est inadmissible de prolonger inutilement la douleur lorsque la médecine atteint ses limites, et elle n’hésite pas à interpeller les décideurs politiques.

Line Renaud rappelle avec lucidité qu’il ne s’agit pas d’abandonner les malades, mais de leur offrir une ultime possibilité de respect et de paix. « Quand il n’y a plus rien à faire, pourquoi prolonger la souffrance ? », interroge-t-elle. Elle a d’ailleurs tout planifié : mourir chez elle, dans sa maison de La Jonchère, entourée des siens, face à Paris qu’elle aime tant. Une image d’intimité et de contrôle qui contraste avec les silences trop fréquents autour de la mort.

Une préparation minutieuse pour ses derniers instants

Toujours fidèle à son sens de la mise en scène, Line Renaud a organisé ses obsèques dans les moindres détails, allant jusqu’à dresser une liste précise d’amis à inviter. Elle a exprimé le souhait que ses fans puissent également y assister, notamment à l’église Saint-Sulpice, lieu choisi pour la cérémonie. Elle a aussi rédigé son testament, décidant de léguer ses biens à la recherche médicale, restant fidèle jusqu’au bout à ses engagements solidaires.

Face à la mort, Line Renaud ne tremble pas. Elle l’accueille comme la dernière étape d’une vie bien remplie, qu’elle souhaite aborder avec lucidité et sans peur. Elle appelle à respecter le choix de chacun et à ouvrir un débat national sur la fin de vie digne. Son témoignage, mêlé de tendresse, de courage et de clairvoyance, résonne comme un plaidoyer profondément humain pour repenser notre rapport à la vieillesse, à la souffrance et à la liberté ultime.