Le journaliste et écrivain Philippe Labro est décédé à 88 ans
Homme de lettres, de radio, de télévision et de cinéma, Philippe Labro laisse derrière lui une œuvre foisonnante et un héritage marquant dans le paysage médiatique français.
À 88 ans, il s’éteint en emportant avec lui un pan de l’histoire culturelle et journalistique de la seconde moitié du XXe siècle. C’est RTL, sa maison de cœur pendant plus de quinze ans, qui a annoncé sa mort ce mercredi avec une émotion palpable. Philippe Labro n’était pas qu’un chroniqueur ou un présentateur : il en fut le directeur des programmes, puis vice-président, de 1985 à 2000, formant un duo emblématique avec Jacques Rigaud. « Un homme de contenu avant tout », a rappelé Hervé Beroud, directeur de l’information du groupe M6-RTL. Ensemble, ils ont façonné les grandes heures de la station.
Une trajectoire plurielle, de l’antenne à la plume
Né à Montauban en 1936, Philippe Labro entame sa carrière dans les années 1950, d’abord chez Europe 1, puis à Marie-France et France-Soir. Il collabore aussi à la célèbre émission Cinq colonnes à la une sur l’ORTF. À la radio comme dans la presse, il cultive un ton à la fois élégant et incisif.
Après un passage en indépendant, il rejoint RTL en 1976 comme rédacteur en chef, puis devient une figure incontournable de l’antenne. Son style, ses intuitions éditoriales et son exigence en firent un architecte influent de l’audiovisuel français.
Mais Labro était aussi écrivain. Il a signé plus de vingt ouvrages, dont L’Étudiant étranger (prix Interallié 1986) et Tomber sept fois, se relever huit, où il aborde sans détour la question taboue de la dépression. Un témoignage rare, salué notamment par Rachida Dati, ministre de la Culture : « Il a partagé un témoignage courageux sur la santé mentale ».
Cinéma, musique et confidences
Labro ne s’est jamais contenté d’un seul registre. Dans les années 1970, il passe derrière la caméra et réalise plusieurs longs-métrages influencés par le polar américain, dont Sans mobile apparent ou L’Héritier, avec Jean-Paul Belmondo. Il est aussi l’un des fondateurs de la chaîne Direct 8, lancée avec Vincent Bolloré, devenue ensuite C8.
Amoureux des mots, il les a aussi prêtés à la musique. Johnny Hallyday lui doit quelques-uns de ses plus beaux textes, à l’instar de Oh! Ma jolie Sarah ou Mon Amérique à moi. Le rock et la littérature, la politique et l’intime, le journalisme et l’imaginaire : Philippe Labro n’a jamais choisi, il a tout embrassé.
