Sympathie, curiosité ou stratégie médiatique ? Le dernier baromètre Verian révèle une hiérarchie politique inattendue : Jordan Bardella arrive en tête des personnalités avec lesquelles les Français aimeraient partir en vacances. Une préférence qui en dit long sur l’image publique des figures politiques à l’approche des grands rendez-vous électoraux.

Selon une enquête menée par l’institut Verian pour L’Hémicycle, 28 % des Français interrogés déclarent qu’ils aimeraient passer leurs vacances avec Jordan Bardella, président du Rassemblement national. Le jeune chef de file d’extrême droite devance ainsi sa mentor Marine Le Pen, choisie par 22 % des sondés, et Gabriel Attal, l’ancien Premier ministre, qui récolte 20 % des intentions.

Ce trio de tête illustre un profond renouvellement des référents politiques populaires. Bardella, avec sa communication maîtrisée et son image jeune, séduit une partie croissante de l’opinion, au-delà des clivages traditionnels. Marine Le Pen, malgré une visibilité moindre ces derniers mois, conserve une base fidèle, tandis que Gabriel Attal reste apprécié pour son style direct et sa stature gouvernementale acquise durant son bref passage à Matignon.

Derrière eux, Édouard Philippe (Horizons) et Marion Maréchal (Reconquête) récoltent chacun 19 %, devant François Hollande (17 %) et Raphaël Glucksmann (16 %). Emmanuel Macron, président en exercice, n’arrive qu’en huitième position avec 13 %, un score modeste qui traduit une forme d’usure de l’image présidentielle auprès des Français.

Le bas du classement enfonce davantage cette tendance : François Bayrou, ancien candidat à l’élection présidentielle et figure centriste depuis plusieurs décennies, ferme la marche avec seulement 3 % des voix. Jean-Luc Mélenchon et Yaël Braun-Pivet, respectivement leader de La France insoumise et présidente de l’Assemblée nationale, sont également peu plébiscités (8 %), tout comme Gérard Larcher (président du Sénat, 4 %).

Ce sondage, réalisé en ligne entre le 16 et le 19 mai auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 personnes, ne mesure pas des intentions de vote, mais bien un capital de sympathie ou d’affinité personnelle. Il révèle à sa manière une forme de projection intime des Français sur la scène politique : partir en vacances avec une personnalité, c’est l’imaginer agréable, détendue, accessible.

Ce choix peut aussi refléter la perception d’un langage simple, d’une proximité culturelle ou générationnelle. Le score élevé de Bardella, par exemple, peut s’expliquer par sa jeunesse, sa maîtrise des réseaux sociaux, et une rhétorique qui évite les codes politiques classiques. À l’inverse, les figures institutionnelles ou plus âgées, comme Bayrou ou Larcher, apparaissent comme déconnectées du quotidien des Français.

Cette enquête, si elle peut prêter à sourire, offre aussi un miroir du rapport émotionnel que les citoyens entretiennent avec leurs représentants. Elle rappelle que l’image, la personnalité et la capacité à inspirer confiance ou sympathie comptent presque autant, sinon plus, que les idées politiques, dans une époque marquée par la défiance envers les institutions.

Reste à savoir si cette popularité estivale se traduira par un véritable soutien électoral dans les mois à venir. Car s’il est agréable de partager un apéritif en terrasse avec un leader politique, cela ne garantit pas un bulletin de vote dans l’urne. Mais dans un paysage où l’émotion guide souvent la décision, ce genre de baromètre pourrait en dire bien plus qu’il n’y paraît.