Jeffrey, 10 ans, et Emma, 8 ans, retrouvés décédé dans une voiture immergée, après avoir été enlevés par leur père
Ils s’appelaient Jeffrey et Emma. Ils avaient 10 et 8 ans, et ont vu leur vie s’éteindre brutalement dans un drame familial qui bouleverse les Pays-Bas, l’Allemagne et bien au-delà. Un père en détresse, une alerte ignorée, et une issue tragique scellée dans les eaux sombres de Winschoten.
Tout a commencé samedi dernier à Weener, petite ville allemande proche de la frontière néerlandaise. Jeffrey et Emma passent l’après-midi dans une salle de jeux, quand leur père, Klaas B., les rejoint. Il a 67 ans, est en conflit avec son ex-compagne, et agit sans son autorisation. En quelques instants, il les emmène avec lui, déclenchant l’inquiétude immédiate de la famille. Le grand frère, Rubertus, alerte les réseaux sociaux : « Mon père est ivre, il a menacé de se faire du mal et de leur faire du mal aussi ».
Très vite, les autorités allemandes déclenchent une Amber Alert, le dispositif d’alerte enlèvement. Les premières heures sont critiques, mais le téléphone du suspect reste éteint, rendant impossible toute localisation. Pendant ce temps, la mère des enfants avait déjà signalé la veille un comportement inquiétant de Klaas B., mais les policiers, bien qu’intervenus à son domicile, n’avaient pas jugé nécessaire d’agir davantage. Une décision qui aujourd’hui fait polémique.
Une traque désespérée, une issue dramatique
Les recherches s’intensifient à travers l’Allemagne, les Pays-Bas et jusqu’en France. La Toyota Avensis grise du père est activement recherchée, sans succès. Pendant quatre jours, l’espoir demeure, porté par les proches et les enquêteurs. Mais dans la nuit de mardi à mercredi, la découverte met un terme brutal à cette attente. Les corps de Jeffrey, Emma et Klaas B. sont retrouvés dans une voiture immergée à Winschoten, à quelques kilomètres du lieu de l’enlèvement. Un choc.
D’après les premiers éléments de l’enquête, les deux enfants se seraient “très probablement noyés”. Les vidéos de surveillance, toujours en cours d’analyse, pourraient fournir des détails sur les circonstances exactes. Le drame semble être le fruit d’un acte prémédité, porté par la détresse d’un homme et l’impuissance d’un système qui n’a pas su l’arrêter à temps.
Un frère anéanti et un pays en deuil
Face à l’horreur, les mots manquent. Rubertus, leur frère, publie un message déchirant : « Reposez en paix, nous vous aimons. Ça n’aurait jamais dû arriver. J’ai le cœur brisé. » Ce cri silencieux, partagé des milliers de fois, résonne dans toute l’Europe. Il incarne la douleur d’une famille, mais aussi celle d’une société impuissante face à la violence intrafamiliale.
Dès le lendemain, une cagnotte GoFundMe est lancée par les proches pour financer les obsèques de Jeffrey et Emma. Elle récolte en moins de 48 heures plus de 115 000 euros, témoignage poignant de la solidarité populaire. Le deuil dépasse les frontières, et l’émotion est unanime.
Une tragédie évitable ?
Au-delà de l’émotion, les questions affluent. Pourquoi l’alerte de la mère n’a-t-elle pas été prise au sérieux ? Pourquoi Klaas B. a-t-il pu agir sans être stoppé ? Frank Smilda, chef de zone de la police de Groningue, se justifie : « Il n’y avait aucune raison de faire quoi que ce soit », a-t-il déclaré… une phrase qui aujourd’hui fait froid dans le dos.
Ce drame remet en lumière la nécessité d’une vigilance accrue dans les conflits familiaux à risque, et l’importance d’écouter les signaux faibles. Car cette fois, les avertissements étaient clairs. Mais personne n’a su – ou voulu – les entendre.