«Je ne suis pas sûre que Jordan connaisse très bien les problèmes de la Nouvelle-Calédonie» : Le Pen tance Bardella, qui lui répond
En déplacement en Nouvelle-Calédonie, Marine Le Pen affiche sa volonté de peser dans les futures discussions institutionnelles de l’archipel.
Elle revendique une légitimité issue des urnes et se positionne déjà dans la perspective de l’élection présidentielle de 2027, tout en envoyant un message clair à son dauphin, Jordan Bardella. Ce jeudi matin, Marine Le Pen a déclaré sur LCI son intention de participer aux consultations annoncées par Emmanuel Macron, prévues mi-juin à Paris. Ces échanges visent à renouer le dialogue entre indépendantistes et loyalistes après l’échec des négociations du début mai, menées par le ministre des Outre-mer.
Depuis Nouméa, en marge d’une visite de l’usine de nickel SLN, la présidente du groupe RN à l’Assemblée a défendu sa présence comme une évidence politique : « J’ai obtenu 40 % des voix ici en 2022. Et comme je suis candidate en 2027, il est légitime que je sois impliquée dans des discussions qui pourraient me concerner directement si je suis élue. »
Une posture présidentielle assumée malgré les obstacles judiciaires
Forte de sa dynamique électorale sur le territoire, Marine Le Pen continue de se positionner en cheffe d’État en devenir, en dépit de sa condamnation fin mars à cinq ans d’inéligibilité dans l’affaire des assistants parlementaires européens. Elle sera rejugée en appel en 2026, mais affirme vouloir s’impliquer dès maintenant dans les arbitrages nationaux concernant la Nouvelle-Calédonie.
*« Je ne prétends pas régler le problème », tempère-t-elle. « Mais je crois pouvoir contribuer à apaiser le dialogue, entre une radicalité indépendantiste et une radicalité loyaliste. » Une posture de « voie médiane », à contre-pied des discours plus tranchés de certains élus calédoniens.
Tensions feutrées avec Jordan Bardella
Interrogée sur une éventuelle présence de Jordan Bardella aux côtés des délégations, Marine Le Pen a glissé une remarque acérée : « Je ne suis pas sûre que Jordan, pour le coup, connaisse très bien les problèmes de la Nouvelle-Calédonie. On partage nos talents. » Une phrase révélatrice de la gestion délicate de la succession au sein du Rassemblement national.
Depuis Beaucaire, le président du RN a tenté d’apaiser : « Il n’y a pas de feuille de papier à cigarette entre nous », a-t-il assuré. Il a rejeté toute interprétation malveillante, appelant à « ne pas tomber dans le piège des petites phrases ». Mais en creux, l’équilibre des ambitions entre les deux figures du parti semble de plus en plus difficile à masquer.
