« J’aurais mieux fait de la faire incinérer » : la détresse de René, 92 ans, privé d’accès à la tombe de son épouse
Depuis le décès de Lucia, son épouse pendant 65 ans, René n’a jamais cessé de lui rendre hommage quotidiennement.
Malgré la maladie et le poids des années, cet homme de 92 ans brave les obstacles pour se recueillir. Mais aujourd’hui, ce geste d’amour est entravé par une série de décisions administratives qui bouleversent sa dignité.
Chaque jour depuis la mort de Lucia, René se rend au cimetière. Dans son fauteuil roulant, poussé par sa fille elle-même affaiblie, le nonagénaire perpétue le lien qui l’unit à celle qui partagea sa vie pendant plus de six décennies. D’abord autorisé à accéder en voiture jusqu’à l’arrière du cimetière de Hasselt, en Belgique, il a récemment vu cette permission révoquée. « On m’a dit qu’il n’était plus autorisé de rouler sur l’herbe », explique-t-il, la voix empreinte de résignation.
Une dérogation supprimée sans ménagement
Ce retrait d’autorisation a été vécu comme une blessure supplémentaire. Sans véhicule pour l’aider à atteindre la tombe, et dans l’incapacité physique de s’y rendre seul, René se trouve face à une impasse. Sa fille, épuisée par sa propre condition, ne peut plus assurer ce soutien quotidien. L’interdiction a coupé court à un rituel précieux, vécu comme un devoir autant que comme un dernier lien.
L’ultime recours : déplacer Lucia
Dans un élan de détermination et d’amour, René décide de faire exhumer sa femme. Le but : la faire reposer dans un caveau familial plus proche d’une allée bitumée. Une opération délicate, à la fois émotionnellement éprouvante et financièrement lourde – plus de 2 000 euros engagés pour ce transfert. « Je voulais simplement continuer à aller la voir chaque jour », confie-t-il, la gorge serrée.
Une nouvelle humiliation
Mais l’espoir d’un accès plus simple s’est rapidement effondré. À peine Lucia transférée, un nouveau problème surgit : l’accès au caveau est entravé par un poteau métallique. Pour pouvoir passer, René doit désormais appeler quotidiennement la commune afin qu’un agent municipal vienne lui ouvrir. « Je dois supplier chaque fois. Ce n’est pas digne », lâche-t-il, humilié par une situation kafkaïenne.
La famille à bout
La fille de René ne cache plus son exaspération. « S’il avait su, il ne l’aurait jamais déplacée. Il aurait préféré la faire incinérer et garder son urne à la maison », regrette-t-elle. Elle dénonce l’absence d’humanité : « Il doit bien y avoir une solution digne pour qu’un homme de 92 ans puisse rendre visite à sa femme sans devoir supplier. » Ce cri du cœur résonne comme un appel à la raison face à une rigidité administrative devenue absurde.
Une réponse municipale attendue
Face à l’indignation croissante, la municipalité a été contrainte de réagir. Le bourgmestre Alain Yzermans a assuré que des solutions étaient à l’étude. Si l’interdiction des véhicules reste en place pour des raisons de sécurité, plusieurs options sont sur la table : modernisation des fauteuils roulants, recours à des bénévoles pour l’accompagnement ou mise à disposition d’un scooter électrique.