«Il n’y a plus de Français de souche» : Mathieu Kassovitz fait polémique sur France 5
Présent au Festival de Cannes pour présenter une version inédite de son film culte, Mathieu Kassovitz a profité de sa tribune médiatique pour livrer un discours sans détour sur le racisme, l’identité française et la mixité. Une prise de parole engagée qui, fidèle à son style, n’a pas manqué de faire réagir.
Invité du talk-show C à vous, exceptionnellement délocalisé à Cannes à l’occasion du festival, Mathieu Kassovitz est venu présenter son adaptation musicale de La Haine. Ce projet audacieux transpose sur scène l’univers brut et engagé de son film emblématique de 1995. Mais c’est bien au-delà de l’artistique que le cinéaste a souhaité porter sa voix. Interrogé par Anne-Elisabeth Lemoine et Pierre Lescure, l’acteur-réalisateur s’est exprimé avec sa franchise coutumière sur les fractures sociales et identitaires françaises, offrant une réflexion percutante sur le vivre-ensemble.
Une vision sombre du combat contre le racisme
Loin de tout discours consensuel, Kassovitz a dressé un constat sans illusion : « Le problème en France, c’est un problème que l’on trimbale depuis très longtemps, un problème de racisme, de difficulté à intégrer. C’est un combat qui pour moi est complètement perdu d’avance ». Des mots forts, teintés de pessimisme, qui traduisent une lassitude face à un mal enraciné, selon lui, dans l’histoire républicaine. Cette déclaration, bien que brutale, n’étonne pas de la part de celui qui n’a jamais évité les sujets brûlants.
Une France métissée, moteur de fierté
S’il reconnaît l’ampleur des tensions, Mathieu Kassovitz plaide pourtant pour une identité ouverte et métissée, qu’il érige en fierté nationale. « Maintenant, il n’y a plus de Français de souche, ça n’existe plus, et j’espère qu’on va continuer à se mélanger », a-t-il affirmé. Pour lui, le brassage culturel constitue l’une des forces de la France contemporaine, et un levier d’évolution pour le monde. Cette vision universaliste de l’identité française n’est pas nouvelle dans son discours, mais elle trouve ici un écho particulier, dans un contexte politique marqué par les crispations identitaires.
Le poids d’un héritage familial et artistique
Mathieu Kassovitz ne s’est jamais caché derrière ses œuvres. Son engagement, son regard sur la société, sa volonté de questionner les normes traversent aussi bien sa filmographie que ses interventions médiatiques. On se souvient d’ailleurs de cette phrase tranchante de son père, le réalisateur Peter Kassovitz, dans une interview au Monde : « L’histoire de mon fils, c’est celle d’un type qui aurait voulu être un grand Noir alors qu’il est un petit juif blanc. » Un propos révélateur du tiraillement identitaire et artistique qui nourrit le parcours de Mathieu Kassovitz, entre introspection personnelle et critique sociale.
Une polémique immédiate sur les réseaux sociaux
Sans surprise, les réactions n’ont pas tardé à se multiplier. Sur X (anciennement Twitter), de nombreux internautes ont vivement critiqué les déclarations du cinéaste, certains l’accusant d’antipatriotisme, d’autres de provocation. « Kassovitz compte éliminer le racisme en exterminant la race française », « Marre de ces antifrançais », ou encore « Je suis bien Français, sans aucune origine » : ces commentaires reflètent une polarisation exacerbée dès qu’il est question d’identité nationale. Une fois encore, l’artiste a déclenché un débat public intense, comme souvent lorsqu’il s’exprime sur des sujets sensibles.