Eurovision : la candidate d’Israël surprend en chantant en français – voici pourquoi
Dans un contexte tendu, la voix d’une survivante se dresse sur la scène de l’Eurovision. Yuval Raphael, représentante d’Israël en 2025, mêle émotion, résilience et message de paix dans un titre chanté en trois langues, dont le français. Une performance hautement symbolique et résolument politique, malgré elle.
Une participation marquée par la polémique
Comme en 2024, la présence d’Israël à l’Eurovision alimente les débats, sur fond de conflit israélo-palestinien. Après Eden Golan, huée l’an passé pour son titre Hurricane jugé trop politisé, c’est aujourd’hui Yuval Raphael, 24 ans, qui porte les couleurs d’Israël dans un climat électrique. La jeune femme, survivante de l’attentat du 7 octobre 2023 lors du festival Nova, où 370 personnes ont trouvé la mort, incarne une candidature singulière, à la croisée de la tragédie et de la reconstruction.
Son histoire, profondément liée à ce drame, confère à sa prestation une dimension qui dépasse la musique. Blessée ce jour-là, elle revient aujourd’hui sous les projecteurs avec un hymne à la résilience, intitulé New Day Will Rise.
Une chanson entre douleur et espoir
New Day Will Rise n’est pas un cri de colère. C’est une prière douce, un poème d’espoir, écrit comme une réponse à la violence subie. “Pour moi, cette chanson représente la guérison dont nous avons tous besoin”, explique Yuval dans un communiqué. Elle y évoque “notre force, notre espoir commun, le soutien et l’amour”.
Les paroles sont explicites :
“Life will go on / Everyone cries / Don’t cry alone / Darkness will fade / All the pain will go by / But we will stay.”
Traduit : “La vie continue, tout le monde pleure, mais ne pleure pas tout seul. L’obscurité s’effacera, la douleur s’en ira et nous resterons.”
Un message d’universalité que l’artiste veut adresser à toutes les victimes de conflits, sans distinction.
Le français, un choix du cœur
Mais au-delà de l’anglais et de l’hébreu, c’est un troisième idiome qui surprend et touche : le français. Yuval Raphael a décidé d’incorporer un couplet dans la langue de Molière, un clin d’œil subtil et émouvant :
“Et même si tu dis adieu / Tu ne partiras jamais / Tu es l’arc-en-ciel de mon ciel bleu / Mes couleurs dans le gris…”
Pourquoi ce choix ? Tout simplement parce que la chanteuse a passé une partie de ses études à Genève, où elle a appris le français. Et comme le concours se déroule cette année à Bâle, en Suisse, ce geste s’est imposé comme une évidence, un hommage à ce pays et à cette langue qu’elle affectionne.
Une présence controversée mais saluée artistiquement
Malgré l’émotion dégagée par sa performance, la participation d’Israël continue de diviser. De nombreuses voix, dont celle de l’ex-représentante française La Zarra, ont signé une tribune appelant au boycott de la délégation israélienne, estimant que la scène de l’Eurovision ne devrait pas servir de tribune à des États engagés dans des conflits ouverts.
Yuval Raphael, de son côté, a été huée lors de prestations publiques, une situation qu’elle a affrontée avec dignité. Pourtant, New Day Will Rise séduit. Le titre figure actuellement à la sixième place des chansons favorites du concours, preuve que le public distingue parfois le message de l’artiste du contexte géopolitique.
Une édition marquée par le retour des langues nationales
La chanson de Yuval s’inscrit dans une tendance forte de cette édition 2025 : le retour aux langues nationales. Avec elle, quatre autres chansons intègrent le français, dont “Maman” de Louane (France), “C’est la vie” de Claude (Pays-Bas), “La Poupée monte le son” (Luxembourg), et “Voyage” de Zoë Më (Suisse). C’est une première depuis 1978 qu’autant de morceaux comprennent du français.
Et ce phénomène ne concerne pas que la langue de Molière : la Suède présente pour la première fois depuis 1998 une chanson entièrement en suédois, avec Bara Bada Bastu du groupe KAJ, largement favorite. Un retour aux racines linguistiques qui pourrait bien réenchanter le concours, longtemps dominé par l’anglais.