Lors d’un entretien récent avec Le Parisien, Éric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux, a ouvertement critiqué Jordan Bardella, président du Rassemblement national, pour son approche de l’insécurité et son exploitation politique des drames nationaux.

« Ma ligne, c’est la fermeté sans démagogie. Je vois bien que l’insécurité est exploitée. Mais on ne peut pas se servir du cercueil d’un enfant comme on peut se servir d’un marchepied », a déclaré Dupond-Moretti, en faisant allusion à la manière dont Bardella a abordé la mort tragique du jeune Matisse à Châteauroux, tué par un mineur afghan en situation irrégulière.

Dupond-Moretti a ajouté une critique personnelle à l’encontre de Bardella, mentionnant son manque d’humilité et sa précocité dans l’écriture de son autobiographie à l’âge de 28 ans : « Ce monsieur a toutes les audaces.

Et puis je constate un vrai souci d’humilité chez lui : moi, je ne sais comment j’aurais pu avoir l’idée d’écrire mon autobiographie à 28 ans. »

Depuis son entrée au gouvernement, Dupond-Moretti a toujours affiché une aversion marquée pour le Rassemblement national, critiquant régulièrement ses membres pour leur utilisation de tragédies personnelles à des fins politiques.

En 2022, il avait déjà dénoncé ceux qui se servaient « du cercueil d’une petite fille de 12 ans pour en faire un marchepied ». Le garde des Sceaux ne cache pas son antipathie pour Bardella, qu’il surnomme « Monsieur Selfie », selon Challenges.

Éric Dupond-Moretti, reconnu pour son franc-parler et son caractère assertif, s’est solidement établi dans le paysage politique français. Le 6 juillet prochain, il marquera quatre ans à la tête du ministère de la Justice, se rapprochant du record de longévité à ce poste détenu par Robert Badinter et Jean Foyer.

Son parcours n’a pas été exempt de défis, notamment ses affrontements avec le Rassemblement national, ses tensions avec certains magistrats, et un échec aux élections régionales de 2021 dans les Hauts-de-France.

Cependant, le garde des Sceaux reste un pilier central de la majorité présidentielle, apprécié pour sa stabilité et son engagement. « Quand je suis arrivé, on me donnait une semaine. Depuis, on a fait un certain nombre de choses », a-t-il confié, soulignant la confiance que le Président Emmanuel Macron place en lui.

Actuellement, Dupond-Moretti travaille sur un projet de loi concernant la justice des mineurs et la responsabilité pénale, ainsi que sur la création d’un Parquet national contre la criminalité organisée, affirmant ainsi son rôle influent dans l’administration Macron.