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Édouard Philippe accusé de détournement de fonds publics : une lanceuse d’alerte saisit un juge d’instruction

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Une plainte de plus, mais pas une de trop ? C’est la question que soulève une nouvelle offensive judiciaire visant Édouard Philippe. L’ancien Premier ministre est de nouveau dans la ligne de mire d’une lanceuse d’alerte, qui dénonce des pratiques troubles mêlant favoritisme, conflits d’intérêts et gestion opaque d’un projet public d’innovation numérique.

Le 20 juin, une plainte avec constitution de partie civile a été déposée à Paris par une haute fonctionnaire, aujourd’hui reconnue comme lanceuse d’alerte, dans l’espoir de déclencher la nomination d’un juge d’instruction. L’objectif est clair : contraindre la justice à approfondir les soupçons de malversations entourant la gouvernance de la communauté urbaine du Havre et, en particulier, son président de l’époque, Édouard Philippe. Cette plainte vise non seulement l’ancien chef du gouvernement, mais aussi deux collaboratrices clés : Stéphanie de Bazelaire, élue locale, et Claire-Sophie Tasias, directrice générale des services.

La plaignante, connue sous le pseudonyme de Judith, dénonce un système verrouillé autour de la Cité numérique du Havre, un projet censé incarner l’ambition tech de la ville. Le cœur du scandale : une convention de 2,154 millions d’euros, accordée à l’association LH French Tech, présidée alors bénévolement… par l’adjointe d’Édouard Philippe elle-même. Seule candidate après un appel à manifestation d’intérêt, l’association avait été sélectionnée en pleine année 2020, dans le cadre d’un service d’intérêt économique général. Un processus que Judith considère faussé, soulignant l’évidence d’un conflit d’intérêts manifeste entre les fonctions publiques et associatives des protagonistes.

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Du côté de la défense, Édouard Philippe contre-attaque : il dénonce une « vendetta personnelle » émanant d’une fonctionnaire dont le contrat n’a pas été renouvelé. Il affirme avoir déjà répondu au Parquet national financier, qui mène une enquête préliminaire depuis septembre 2023, après des perquisitions opérées en avril dernier. Mais pour Judith et son avocat Me Jérôme Karsenti, ce premier temps judiciaire s’enlise. Ils redoutent « une tétanie » du parquet face à une figure politique d’envergure nationale, que beaucoup voient déjà en lice pour 2027.

La plainte s’appuie notamment sur des alertes internes ignorées, notamment celles émises par les services juridiques de la collectivité, qui avaient exprimé leur inquiétude quant au risque de favoritisme. Judith affirme qu’en tant que directrice générale adjointe, elle a très tôt perçu une opacité persistante autour des activités de la Cité numérique. Dès la fin 2021, ses demandes répétées de transparence auraient été mal accueillies. Lorsqu’elle parvient enfin à consulter les chiffres, le constat est accablant : activité minimale, communication inexistante, mais une masse salariale composée de jeunes cadres aux rémunérations dépassant parfois les 70 000 euros annuels.

Ces révélations auraient déclenché, selon elle, un processus d’éviction doublé d’un harcèlement moral. Sa mission est progressivement vidée de sa substance, son rôle marginalisé, jusqu’à ce que son contrat ne soit tout simplement pas renouvelé. En janvier dernier, elle obtient officiellement le statut de lanceuse d’alerte, statut désormais contesté par les avocats d’Édouard Philippe, qui continuent d’y voir une simple revanche administrative.

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Pour Me Karsenti, le recours au juge d’instruction est indispensable. Il ne s’agit plus d’un simple désaccord de gestion, mais de vérifier s’il a bien existé un « pacte » entre l’ex-Premier ministre et son adjointe, impliquant des soutiens politiques ou des avantages en échange de la gestion de la Cité numérique. À ce jour, les investigations du parquet financier se poursuivent, mais sans avancées notables depuis les perquisitions d’avril 2024. Un an plus tard, aucune mise en examen, aucun rebondissement.

Cette affaire, mêlant haute fonction publique, argent public et ambitions personnelles, tombe à un moment délicat pour Édouard Philippe, dont le nom circule parmi les favoris pour la prochaine élection présidentielle. Une enquête judiciaire dans ce contexte pourrait peser lourd dans le débat public.

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Reste à savoir si les juges saisis se saisiront pleinement de cette affaire, ou si elle viendra allonger la liste de ces dossiers politico-financiers où la lenteur judiciaire contraste avec la gravité des faits allégués. Une chose est certaine : la détermination de Judith, elle, ne faiblit pas. Et la justice, désormais, est priée de trancher.

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