D’origine marocaine, Jamel Debbouze brutalement honnête sur la France : « C’est vraiment dommage »
Acteur, humoriste, producteur et figure emblématique du vivre-ensemble, Jamel Debbouze n’a jamais cessé de conjuguer rires et messages de fond. À 49 ans, l’artiste continue d’occuper l’espace médiatique avec une sincérité désarmante, entre promotion de son dernier film et réflexions engagées sur la société française.
Depuis ses débuts à la télévision dans la série H aux côtés d’Éric et Ramzy, Jamel Debbouze a su tracer un parcours unique. C’est en 2002, dans le rôle inoubliable de Numérobis dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, qu’il explose véritablement aux yeux du grand public. Mais l’humoriste ne se contente pas de faire rire : en créant le Jamel Comedy Club en 2008, il devient également un dénicheur de talents, révélant toute une génération d’artistes issus de la diversité.
Polyvalent, il jongle avec brio entre comédie, production, scène et cinéma. En 2025, il revient dans Mercato, un film centré sur l’univers du football, dans lequel il incarne un personnage plus sombre, plus complexe que ce à quoi il nous avait habitués. « Cette part sombre a toujours été un peu là, mais jamais on n’avait fait appel à autant de complexités chez moi », confiait-il alors à l’AFP. Une prise de risque qui confirme l’ambition artistique d’un comédien en perpétuelle réinvention.
Un message fort à travers le prisme du football
La sortie de Mercato offre aussi à Jamel Debbouze l’occasion d’évoquer un sujet qui le touche profondément : la cohésion nationale. Dans un contexte politique tendu, il se remémore avec émotion la victoire de l’équipe de France en 1998, symbole d’un espoir collectif. « Moi, je regrette qu’on ne continue pas dans cet élan et cette France qu’on appelait ‘black, blanc, beurre’. Aujourd’hui, on l’exhibe moins. C’est dommage. »
Pour l’acteur, cet héritage demeure néanmoins vivant dans les esprits. Il rappelle que ce moment de communion transcendantale a laissé des traces : « Ce qu’ils nous ont laissé est resté, et ça a été transmis ». À travers le sport, il voit un miroir de la société et de son potentiel à rassembler au-delà des origines.
Une vision assumée de la France
Né à Paris, profondément enraciné dans la culture française, Jamel Debbouze ne cache pas son attachement viscéral à son pays. Invité dans Sept à Huit en 2022, il revenait sur les prénoms de ses enfants, Léon et Lila, choisis pour leur résonance française. Une décision qui avait suscité de vives réactions sur les réseaux, entre soutien et critiques.
Face aux attaques, il avait tenu à clarifier : « Ce que j’ai fait à travers ça, c’est juste aimer ma femme et créer une famille. Je suis né en France, je suis Français. C’est la résultante de tout ça. » Une réponse apaisée mais ferme, reflet d’un homme qui refuse de se laisser enfermer dans une quelconque binarité identitaire.
Une prise de parole contre les amalgames
Sur la question du racisme en France, Jamel Debbouze fait le choix de l’optimisme. Alors que le climat politique se durcit, notamment après les résultats des présidentielles, il s’oppose aux généralisations. « On avait l’impression qu’un Français sur deux était raciste, parce qu’ils ont voté Le Pen. Mais moi, je suis convaincu que la France n’est pas raciste. »
Pour appuyer son propos, il s’appuie sur son expérience de terrain : « J’ai fait 25 fois le tour de la France, j’ai joué partout. » Une proximité avec le public qui alimente sa foi en une société plus ouverte que certains discours ne le laissent entendre.
Debbouze ne nie pas les fractures, mais refuse les fatalismes. Il évoque les manipulations politiques et médiatiques qui tentent de diviser, et appelle à ne pas tomber dans ces pièges : « Je comprends que l’opinion publique dise ce qu’elle veut. Mais quand d’autres en font commerce pour nous monter les uns contre les autres, c’est ridicule. »
Un artiste populaire au message humaniste
Jamel Debbouze n’est pas seulement une icône de la scène ou de l’écran : il est aussi un repère moral pour toute une génération. Sans jamais sombrer dans la leçon, il distille des messages d’unité, d’appartenance, et de transmission. Sa trajectoire personnelle — de Trappes aux planches de l’Olympia, des planches aux plateaux de cinéma — est à elle seule une illustration de l’ascension sociale possible à la française.