Un an après la disparition tragique d’Émile au Haut-Vernet, l’enquête avance lentement mais soulève de nouvelles zones d’ombre.

Un podcast de « La Provence » révèle désormais l’identité de la dernière personne à avoir vu l’enfant vivant. Une information qui relance les interrogations sur les circonstances exactes de cette affaire toujours non élucidée. Philippe Vedovini, 59 ans, est désormais identifié comme le dernier adulte officiellement en contact avec Émile avant sa disparition, le 8 juillet 2023. Ce détail crucial a été rapporté par Anne Vedovini, la grand-mère maternelle, lors de son appel aux gendarmes pour signaler la disparition. Le petit garçon passait ses vacances chez eux, dans le hameau du Haut-Vernet. Une information qui donne une importance nouvelle à la piste intra-familiale, longtemps évoquée mais jamais confirmée.

Pour les enquêteurs, cette donnée change la chronologie des faits. Surtout lorsqu’elle est mise en parallèle avec les éléments scientifiques découverts plusieurs mois plus tard, après la découverte du crâne de l’enfant en mars 2024 : un traumatisme d’origine violente, ainsi qu’un détail troublant sur les vêtements du petit Émile, qui ne s’étaient pas décomposés avec le corps, laissant penser qu’ils auraient été enlevés puis remis.

Une piste familiale sous haute tension

Si la justice reste prudente, le passé de Philippe Vedovini n’est pas sans interpeller. Le podcast de La Provence revient sur des faits troublants : l’homme est témoin assisté dans une affaire de violences sur mineurs au sein de la communauté religieuse de Riaumont, dans le Pas-de-Calais, une structure intégriste. S’ajoutent à cela des accusations anciennes — qu’il conteste — de fraudes à la Sécurité sociale et d’attouchements, aujourd’hui visées par une plainte en diffamation qu’il a lui-même déposée.

Ces éléments ne constituent pas une preuve formelle de son implication dans la mort d’Émile, comme le rappelle l’ancien procureur Jacques Dallest. Mais ils forment un faisceau d’indices qui entretient la suspicion, d’autant que Philippe et Anne Vedovini ont été placés en garde à vue au cours de l’instruction, pour des chefs lourds : recel de cadavre et homicide volontaire. Tous deux ont été libérés sans poursuite, mais la piste n’est pas abandonnée, selon le parquet d’Aix-en-Provence.

Une enquête toujours ouverte, des zones d’ombre persistantes

Depuis la disparition d’Émile, les hypothèses se multiplient : accident de la route dissimulé, enlèvement, erreur de surveillance, ou drame familial. L’enquête, confiée à un pôle spécialisé d’instruction à Aix-en-Provence, continue d’explorer toutes les pistes, sans exclure celle d’une implication familiale. Comme le souligne David Galtier, ancien patron de la PJ de la gendarmerie, « il faut avoir le courage d’examiner toutes les hypothèses, y compris les plus sensibles ».

Les grands-parents clament leur innocence, dénonçant une pression médiatique et judiciaire inhumaine. Mais la justice progresse lentement, à mesure que les analyses scientifiques livrent leurs conclusions. Des résultats d’expertise sont encore attendus, notamment sur les fibres et résidus organiques retrouvés avec les ossements du petit garçon.