Budget 2026 : François Bayrou va « demander un effort à tous les Français sans exception »
Face à une dette jugée alarmante, François Bayrou tente de poser les bases d’un sursaut collectif. Appels à la conscience nationale, promesse d’un plan ambitieux, éventualité d’un référendum…
Le Haut-commissaire au Plan s’érige en porte-voix d’une réforme jugée inévitable. Mais l’heure est aux tensions et aux incertitudes, tant au sein de l’exécutif que dans l’opinion publique. Intervenant mardi matin sur BFMTV-RMC, François Bayrou a de nouveau sonné l’alarme : le déficit public chronique, tous gouvernements confondus, met la France en position de « surendettement ». Selon lui, le pays dépense aujourd’hui 10 % de plus que ses recettes mensuelles, une dynamique qu’il qualifie d’« insupportable ».
« Depuis des décennies, on a fermé les yeux. Aujourd’hui, nous devons affronter le réel », a-t-il martelé, insistant sur le caractère transversal de cette responsabilité politique.
Un plan d’équilibre promis avant le 14 juillet
Alors que les arbitrages pour le budget 2026 restent secrets, Bayrou promet un plan global d’ici à la fête nationale, avec un horizon de rétablissement budgétaire sur trois à quatre ans. L’effort, estimé à 40 milliards d’euros dès l’an prochain, devra être « juste mais suffisant », selon lui.
Sans entrer dans le détail des mesures envisagées, le Premier ministre par intérim veut éviter les effets d’annonce éclatés : « Il faut que ce soit un plan d’ensemble, cohérent, assumé collectivement. » Une façon de préparer l’opinion, sans la heurter de front.
La tentation du référendum
L’idée d’un référendum, déjà évoquée dans les cercles de la majorité, refait surface. François Bayrou y voit un levier de légitimation politique, permettant aux Français de se saisir eux-mêmes du problème. La question pourrait porter sur la nature et la répartition des efforts, notamment les 40 milliards à mobiliser.
Mais en l’absence d’annonce claire de l’Élysée, la décision reste entre les mains d’Emmanuel Macron, seul en mesure de convoquer un tel scrutin. À défaut de consultation directe, le Parlement pourrait servir de relais à ce débat de société, avec des votes décisifs sur le cap budgétaire.
Une majorité centrale sous tension
Dans les rangs du bloc présidentiel, l’inquiétude monte à l’approche de ce « mur budgétaire », comme le résume un député. Les échéances s’enchaînent, les tensions se cristallisent, et les marges de manœuvre se réduisent. Pour certains, l’ambition affichée reste « vertueuse », même si elle manque encore de fondations concrètes.
« Il faut assumer qu’il y aura des mécontents, sinon on ne fait rien », lâche un parlementaire, conscient qu’un tel plan nécessitera des sacrifices douloureux. La méthode Bayrou, faite de gradation et de symboles, doit encore convaincre… et surtout rassurer.
Un modèle social en question
Autre terrain explosif : le financement de la protection sociale. Emmanuel Macron a récemment ouvert le débat autour de la « TVA sociale », un transfert de cotisations vers la consommation. Interrogé sur le sujet, François Bayrou n’écarte pas la piste, tout en plaidant pour une large concertation entre partenaires sociaux.
Pour lui, le travail n’est plus assez valorisé en France, et il faut en repenser les fondements. Une réforme profonde qui n’épargne pas l’idée d’un nouveau mode de financement, mais qui se heurte déjà à des réactions tranchées.
Une opposition farouche
Sans surprise, les critiques fusent. À gauche, Manuel Bompard (LFI) fustige un projet « inacceptable », assimilé à une hausse d’impôts déguisée. À droite, le Rassemblement national dénonce un coup porté au pouvoir d’achat. L’idée même d’une TVA sociale, impopulaire car régressive, risque de raviver les tensions sociales, déjà exacerbées par les débats sur la réforme des retraites ou de l’assurance-chômage.