Budget 2026: Braun-Pivet favorable à des hausses d’impôts et cible les retraites et l’héritage
Alors que l’horizon budgétaire 2026 s’annonce particulièrement contraint, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, lève le voile sur des pistes qui pourraient changer la donne fiscale.
Entre hausses d’impôts, fin d’abattements et réforme des retraites, le débat s’ouvre sur fond de 40 milliards d’euros d’économies à trouver. Dans un entretien accordé au journal Les Échos, ce mercredi 2 juillet, Yaël Braun-Pivet brise un tabou politique majeur : celui de la hausse d’impôts. Pour la présidente de l’Assemblée nationale, il serait irresponsable de chercher à combler le besoin colossal de 40 milliards d’euros d’économies uniquement via la réduction de la dépense publique. Le risque serait, selon elle, de fragiliser davantage une économie encore convalescente.
« Il est impossible d’exclure toute hausse d’impôt », affirme-t-elle sans détour, rappelant que la situation exige un effort partagé. Elle propose ainsi une « année blanche », un dispositif de rééquilibrage où les Français contribueraient de manière transversale, qu’ils soient contribuables ou bénéficiaires de prestations sociales. Selon ses projections, une telle mesure pourrait rapporter entre 15 et 20 milliards d’euros.
Désindexation et fiscalité des pensions au programme
Pour atteindre ses objectifs, Yaël Braun-Pivet n’hésite pas à envisager des ajustements ciblés sur les mécanismes fiscaux existants. Elle évoque ainsi la désindexation de plusieurs barèmes : celui de l’impôt sur le revenu, de la CSG appliquée aux retraites, mais aussi des pensions elles-mêmes.
L’objectif est clair : faire porter l’effort sur les tranches les plus favorisées sans affaiblir les plus vulnérables. « Le périmètre devra, selon moi, être assez large pour avoir un véritable impact », précise-t-elle, en insistant sur la nécessité de préserver les plus fragiles.
Les super-héritages dans le viseur
Autre levier évoqué avec franchise : la fiscalité sur l’héritage, et notamment celle des patrimoines les plus importants. La présidente de l’Assemblée se dit favorable à la suppression de l’abattement de 10% dont bénéficient aujourd’hui les retraités les plus aisés, ce qui permettrait, selon ses estimations, de récupérer 4 milliards d’euros supplémentaires.
Elle pointe également du doigt les transmissions patrimoniales exceptionnelles, les « super-héritages », jugées très peu mises à contribution. Un héritage de 13 millions d’euros n’est aujourd’hui taxé qu’à hauteur de 10%, un chiffre qu’elle estime disproportionné. Ce type d’inégalité fiscale pourrait, à ses yeux, devenir un nouveau chantier prioritaire.
Une TVA sociale à manier avec précaution
Interrogée sur l’opportunité d’augmenter la TVA pour financer la protection sociale, Yaël Braun-Pivet se montre réservée. Elle ne rejette pas l’idée, mais n’envisage son acceptabilité qu’à la condition expresse d’une répercussion directe sur le coût du travail. Une mesure neutre pour les entreprises serait envisageable, mais pas une hausse aveugle de la taxe à la consommation.
Cette prudence s’explique par la nature même de la TVA, un impôt indirect souvent jugé injuste car pesant proportionnellement plus sur les ménages modestes. L’enjeu serait donc de préserver l’équilibre entre compétitivité économique et justice fiscale.
Des économies attendues du côté des collectivités locales
Sur le plan institutionnel, Yaël Braun-Pivet plaide également pour une rationalisation de la gestion publique locale. Elle estime que les collectivités territoriales disposent de marges de manœuvre, notamment sur la masse salariale, en forte augmentation ces dernières années. Elle appelle ainsi à un effort de modération dans ce secteur, tout en évitant de compromettre la qualité des services.
Mais la présidente ne s’arrête pas à ces seules pistes. Elle appelle à des réformes structurelles de plus grande envergure, notamment pour clarifier les compétences territoriales et réduire le fameux « mille-feuille » administratif français. Cette réforme, souvent évoquée mais rarement engagée, nécessiterait un consensus politique solide.
Un appel à l’unité parlementaire
Enfin, Yaël Braun-Pivet souhaite engager un dialogue transversal entre députés et sénateurs pour construire une initiative parlementaire commune sur ces sujets sensibles. Elle espère voir émerger un accord avant la fin de l’année 2025, en s’appuyant sur les propositions déjà disponibles dans les commissions compétentes.
Ce projet, s’il aboutit, pourrait redéfinir durablement les équilibres budgétaires de la France, en répartissant les efforts sur l’ensemble des leviers disponibles : fiscalité, dépenses sociales, et organisation des pouvoirs publics.
Une manœuvre à haut risque politique
La sortie de Yaël Braun-Pivet ne manque pas d’audace, mais elle n’est pas sans risque. Dans un contexte marqué par la défiance envers les institutions et les tensions sociales persistantes, parler ouvertement de hausse d’impôts peut vite devenir explosif. Néanmoins, en assumant une ligne de clarté et de vérité budgétaire, elle tente de préparer le terrain pour des arbitrages douloureux mais nécessaires.