Une image étrange, presque surréaliste, fait le tour des réseaux : Donald Trump vêtu en pape.

Ce cliché, visiblement généré par intelligence artificielle, s’inscrit dans un contexte tendu, alors que les États-Unis observent avec attention les premiers mois du retour au pouvoir de l’ancien président républicain, plus provocateur que jamais.

Une image troublante, sans explication

La photo a été publiée sans aucun commentaire sur Truth Social, le réseau social de Donald Trump. Elle le montre assis, vêtu de la tenue papale traditionnelle – soutane blanche, mitre sur la tête, croix dorée autour du cou – adoptant une posture solennelle, l’index levé vers le ciel. Aucune légende, aucun message ne vient expliciter l’intention de cette publication. Il n’en fallait pas plus pour enflammer les réseaux et susciter une pluie d’interrogations.

Les médias américains, qui ont relayé cette image, sont quasi unanimes : il s’agit d’un visuel généré par l’intelligence artificielle. L’aspect trop parfait de l’image, combiné à certains détails figés ou incohérents, alimente cette hypothèse. Mais au-delà de la technique, c’est surtout le symbole qui interroge.

Une provocation calculée ?

Depuis sa réinstallation à la Maison-Blanche le 20 janvier, Donald Trump multiplie les interventions médiatiques et les déclarations choc. Cette mise en scène pontificale n’est peut-être qu’un nouvel épisode dans sa stratégie de saturation de l’espace public. Quelques jours plus tôt, interrogé par des journalistes sur la succession du pape François – décédé le lundi de Pâques à l’âge de 88 ans – Trump avait lancé une boutade : « J’aimerais être pape. Ce serait mon choix numéro un. »

Une déclaration qui a fait rire certains, grincer des dents d’autres, mais qui s’inscrit dans une longue série de provocations savamment orchestrées. L’image publiée ensuite semble donner corps à cette plaisanterie, tout en laissant planer l’ambiguïté entre l’ironie et le message politique.

Un contexte religieux et politique sous tension

Le décès du pape François intervient dans une période tendue entre le Vatican et l’administration Trump. Deux mois avant sa mort, le souverain pontife avait sévèrement critiqué la politique migratoire américaine, jugée inhumaine. Il avait mis en garde contre une « crise majeure » liée aux expulsions massives orchestrées par le gouvernement Trump, estimant qu’elle « commence mal et finira mal ».

Cette prise de position avait suscité l’irritation des milieux conservateurs américains. Et si l’image du « pape Trump » peut prêter à sourire, elle révèle aussi une tentative de captation symbolique de l’autorité religieuse, à l’heure où une partie de l’électorat catholique américain semble chercher un point de ralliement plus traditionnel.

Une Église divisée, un électorat courtisé

Près de 20 % des Américains se déclarent catholiques. Lors des élections de novembre, environ 60 % d’entre eux ont voté pour Donald Trump, selon les sondages de sortie des urnes. Un soutien massif, notamment parmi les catholiques d’origine latino-américaine, malgré les positions dures du président sur l’immigration.

Ce soutien pourrait se renforcer si le prochain souverain pontife affiche une ligne plus conservatrice que celle de François, dont les positions sur les questions sociales – LGBTQ+, pauvreté, environnement – ont souvent dérangé l’aile droite de l’Église. Certains observateurs voient d’ailleurs dans l’image diffusée par Trump un clin d’œil appuyé à cette frange catholique conservatrice.

L’enjeu du conclave à venir

À partir du 7 mai, 133 cardinaux de moins de 80 ans se réuniront à huis clos au Vatican pour élire le successeur de François. Un conclave sous haute tension, où les équilibres géopolitiques et idéologiques joueront un rôle central.

Dans ce contexte, la provocation visuelle de Donald Trump prend une autre dimension : elle s’adresse autant à son électorat américain qu’aux sphères de pouvoir globales. En se projetant dans la peau du pape, fût-ce par ironie ou vanité, Trump affirme une forme de puissance morale parallèle, et cherche à incarner une autorité au-delà de la politique.