Journaliste de fond et figure désormais familière du grand public, Audrey Crespo-Mara incarne cette génération de femmes de télévision à la fois discrètes et déterminées.

Connue pour ses portraits sensibles dans « Sept à Huit », elle conjugue rigueur journalistique et pudeur émotionnelle. La disparition récente de Thierry Ardisson, son époux, révèle aussi une autre facette d’elle : celle d’une femme blessée mais debout. Pendant longtemps, Audrey Crespo-Mara est restée une voix plus qu’un visage, rompue à l’exercice exigeant du reportage et des interviews politiques. Diplômée de Sciences Po Toulouse et du Centre de formation des journalistes (CFJ), elle a fait ses armes au sein de Radio France, France 2 et France Inter, avant d’intégrer TF1, où elle s’impose comme une signature fiable.

Entre 2007 et 2020, elle s’illustre aussi sur LCI, puis sur Europe 1, notamment dans la matinale politique. Mais c’est surtout à partir de 2015, dans « Sept à Huit », que sa notoriété explose, bien que son visage soit absent de l’écran : ses portraits de fin d’émission, empreints d’une écoute rare, deviennent une marque de fabrique. Dans ce dispositif feutré, elle laisse la parole à ceux qui font l’actualité, sans jamais voler la lumière.

Une intervieweuse au style unique

Dans l’émission BuzzTV diffusée en décembre 2023 sur la chaîne YouTube du Figaro, Audrey Crespo-Mara a partagé les coulisses de son métier, notamment son approche du célèbre « Portrait de la semaine ». À cette occasion, elle est revenue sur l’un des entretiens les plus marquants de sa carrière : celui des filles Hallyday, Jade et Joy.

Elle insiste sur sa méthode : l’exigence de la solitude face à l’invité. « Je demande toujours à l’entourage de partir. Je veux être seule avec les invités », confie-t-elle. Pour Jade et Joy, la présence de leur mère, Laeticia Hallyday, aurait faussé l’échange. Elle salue d’ailleurs la « délicatesse » de cette dernière, qui s’est volontairement éclipsée. Un cadre strict, presque intime, que la journaliste juge indispensable pour libérer la parole.

Une carrière brillante et une discrétion assumée

Malgré sa place croissante dans le paysage médiatique, Audrey Crespo-Mara n’a jamais cherché la mise en avant personnelle. Présentatrice joker des JT sur TF1, productrice occasionnelle, elle reste avant tout une journaliste exigeante. Loin des projecteurs inutiles, elle construit sa légitimité dans l’ombre, sur la durée, à force de rigueur.

Son style est feutré mais incisif, posé mais profond. Elle sait aller au cœur de ses interlocuteurs sans tomber dans le piège de la connivence ou de l’artifice. Son passage dans « Sept à Huit » est salué pour sa justesse, mais aussi pour sa capacité à susciter l’émotion sans le pathos.

L’épreuve Ardisson : douleur privée, réponse publique

Le 14 juillet 2025, Audrey Crespo-Mara devient veuve. Son mari, Thierry Ardisson, figure mythique de la télévision française, s’éteint après une longue lutte contre un cancer du foie. Elle perd un compagnon de vie, mais aussi un mentor, un complice, un pilier. Leur mariage, célébré en 2014, avait marqué un tournant dans la notoriété d’Audrey, qui passait alors de l’ombre journalistique à la lumière médiatique.

Mais cette perte est aussitôt entachée par un incident : le journaliste Clément Garin annonce prématurément la mort d’Ardisson le 13 juillet, avant de retirer son message. Audrey Crespo-Mara, blessée par cette indiscrétion, annonce son intention de le poursuivre en justice. Un acte symbolique qui révèle sa volonté de protéger la mémoire de son époux, mais aussi son exigence éthique face aux dérives de l’instantanéité médiatique.

Une femme, une mère, un équilibre affirmé

Avant Ardisson, Audrey Crespo-Mara avait construit une vie de femme et de mère. Mariée à Aliou Mara, entrepreneur d’origine sénégalaise, elle a eu deux enfants, dont Sékou Mara, devenu footballeur professionnel. Son attachement à sa famille et sa capacité à concilier carrière et vie personnelle ajoutent à l’image d’une femme forte, résolue, mais profondément humaine.

Elle ne revendique ni statut de star ni rôle de modèle. Ce qu’elle cultive, c’est une forme d’équilibre, fait de passion pour son métier, d’amour pour les siens et de respect pour ceux qu’elle interviewe. Dans une époque saturée de bruit, Audrey Crespo-Mara incarne une parole rare : celle qui prend le temps d’écouter.