Atteint d’un cancer, l’ex-ministre de la Santé Aurélien Rousseau revendique « le risque de l’impudeur » pour alerter
En révélant publiquement son cancer, Aurélien Rousseau fait bien plus qu’un aveu intime : il soulève une question éminemment politique, celle des moyens consacrés à la prévention, à la recherche et au suivi des malades, dans un pays où le cancer frappe chaque jour davantage, souvent plus jeune, toujours plus fort.
Aurélien Rousseau, député PS-Place Publique des Yvelines, a révélé mardi à l’Assemblée nationale être atteint d’un cancer. Devant ses collègues, l’ex-ministre de la Santé a choisi de livrer cette information personnelle au détour d’une question posée au gouvernement. Une déclaration spontanée, assumée, pour rompre le silence et la solitude que vivent des millions de malades.
« Le cancer, c’est d’abord un isolement », a-t-il rappelé sur le plateau des « 4 Vérités » de France 2, le lendemain de sa prise de parole. Mais c’est aussi, selon lui, un sujet « profondément politique », touchant plus de quatre millions de Français, avec près de 400 000 nouveaux cas chaque année. En brisant le tabou, il entend créer un espace de parole et d’écoute, inspiré par l’exemple de Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, qui avait elle aussi évoqué publiquement sa propre maladie en janvier.
Un plaidoyer pour une meilleure prévention
Aurélien Rousseau, 48 ans, tire la sonnette d’alarme : les cancers touchent de plus en plus les jeunes. Il cite notamment le cancer colorectal, dont l’incidence a fortement augmenté chez les moins de 50 ans, comparativement aux générations précédentes. Si les causes exactes restent encore floues, il pointe du doigt les produits alimentaires ultra-transformés comme des facteurs de risque probables, exigeant une réponse scientifique et politique forte.
« Il faut qu’on comprenne », insiste le député, qui milite activement pour la création d’un registre national des cancers, une base de données unifiée et exhaustive qui permettrait d’orienter la recherche, d’analyser les tendances épidémiologiques et d’adapter les politiques de santé publique.
Un combat pour les malades, au-delà de son cas personnel
Le texte, déjà adopté au Sénat, n’a pas encore été inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée. Une attente que Rousseau juge incompréhensible : « On vote des textes bien moins essentiels, il faut trouver du temps pour celui-là », déplore-t-il. Derrière son propre cas, c’est bien le sort collectif des malades qu’il entend défendre.
Et si le député reconnaît bénéficier d’un excellent suivi médical, il n’en cache pas pour autant l’angoisse permanente que partagent tant de Français. « L’opération s’est bien passée », confie-t-il, mais « la surveillance reste étroite », marquant l’instabilité inhérente à cette épreuve.