Donald Trump vient de franchir un nouveau cap dans l’exploitation de sa propre image : avec le lancement du parfum “Victory 45-47”, il entérine une stratégie commerciale inédite pour un ancien président américain.

Entre culte de la personnalité, marketing agressif et confusion des rôles, cette initiative divise et alimente la polémique. C’est sur Truth Social, son réseau de prédilection, que Donald Trump a levé le voile sur son nouveau produit : un parfum haut de gamme baptisé Victory 45-47. Derrière ce nom aux allures triomphales, une référence explicite à ses ambitions politiques : 45 pour son premier mandat, 47 pour le second qu’il espère décrocher en 2025. Fidèle à son style flamboyant, Trump ne tarit pas d’éloges sur ses nouvelles créations : « Elles évoquent l’art de la gagne, la puissance et le succès. »

Proposé en version homme (dans une boîte noire) et femme (dans un écrin rouge), le flacon se distingue par une statuette dorée de Trump dans une posture façon agent secret. Le tout au prix de 249 dollars (environ 212 euros) le flacon, soit plus que son précédent parfum “Fight Fight Fight”, commercialisé l’an dernier à 199 dollars.

Une image monétisée jusqu’à l’extrême

Ce lancement n’est qu’un chapitre de plus dans le business tentaculaire de Donald Trump. Depuis des décennies, l’ex-président décline sa marque sur tout ce qui peut se vendre : steaks, vodka, eau minérale, cravates, cartes à collectionner, Bibles, draps, montres, et même un jeu de société. Le parfum s’inscrit donc dans une logique assumée de merchandising politique, où chaque produit devient un outil d’identification pour ses partisans.

Mais cette stratégie soulève de nombreuses critiques. Sur les réseaux sociaux, beaucoup s’indignent de voir un ancien président vendre des objets à son effigie à des prix exorbitants. Certains dénoncent une forme d’exploitation commerciale du patriotisme de ses partisans, d’autres s’interrogent sur la légalité ou la moralité de ce mélange entre fonctions passées et profits personnels.

Des internautes partagés entre ironie et inquiétude

Très vite, le message posté par Trump a franchi les frontières de Truth Social pour faire irruption sur X (anciennement Twitter), où les réactions ont été vives. “J’ai cru à une parodie”, “On touche le fond”, “Le culte de la personnalité à l’américaine” : les internautes oscillent entre sarcasme, indignation et consternation. Le parfum, présenté comme une essence de victoire, est perçu par beaucoup comme une illustration du capitalisme le plus débridé mêlé au populisme.

Et derrière cette critique, une interrogation plus profonde : où s’arrête le rôle d’un ex-président ? Jamais dans l’histoire américaine un ancien chef d’État n’avait poussé aussi loin l’exploitation mercantile de sa fonction passée. Ce parfum devient dès lors le symbole d’une présidence transformée en marque de fabrique.

Une stratégie politique autant que commerciale

Mais Donald Trump ne fait rien au hasard. En baptisant son parfum Victory 45-47, il renforce son storytelling électoral. L’objet devient un manifeste olfactif, un accessoire de ralliement, un étendard de sa campagne en cours. À travers ce lancement, Trump envoie un signal fort à ses soutiens : la marque Trump n’est pas morte, elle s’incarne jusque dans leur quotidien.

Et pour ceux qui doutaient encore de sa candidature en 2024, ce parfum est une déclaration. Un parfum d’ambition, de revanche, de reconquête. Le produit, bien plus qu’un simple flacon, devient un outil politique, un marqueur identitaire vendu à prix fort.