A deux ans de la présidentielle, Raphaël Glucksmann présente sa « vision pour la France »
Alors que les grandes manœuvres pour 2027 s’amorcent à gauche, Raphaël Glucksmann pose une nouvelle pierre dans sa montée en puissance politique.
Sans déclarer sa candidature, il présente ce lundi « l’acte 1 » de sa vision pour la France, dans une volonté claire d’incarner l’alternative sociale-démocrate face à la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon. Après avoir obtenu 13,8 % aux élections européennes en juin 2024 — le meilleur score à gauche — l’eurodéputé de 45 ans sait que les regards se tournent vers lui comme possible candidat naturel d’un pôle social-démocrate. Lui continue d’assurer qu’il ne s’agit pas (encore) d’une démarche présidentielle. Pourtant, tout dans son calendrier, sa méthode et ses déclarations laisse entrevoir une ambition soigneusement préparée.
« Je ferai tout pour que le pôle démocrate, social et écologiste gagne en 2027, quitte à y laisser ma peau », confie-t-il, dans une formule qui dit tout de son engagement. L’ancien essayiste devenu figure politique s’est entouré de 200 experts et 2 000 militants de Place Publique pour élaborer un projet structuré. Résultat : un premier volet de 50 propositions concrètes, avec des marqueurs clairs : une société du « prendre soin », une réindustrialisation verte, un nouveau contrat social, une école publique à « sauver » et un contrat démocratique pour les citoyens.
Son entourage insiste : il ne s’agit pas encore d’un programme présidentiel, mais d’une contribution politique au débat à gauche. Le but est d’établir une identité claire pour Place Publique et de combler un vide national assumé : « On n’était pas assez concentré sur le national », reconnaît Jérôme Auslander, cadre du mouvement. Le chantier est donc lancé, avec un « acte 2 » prévu pour octobre, et un programme complet annoncé pour juin 2026.
En creux, Glucksmann oppose sa ligne à celle de La France insoumise. Pas de posture révolutionnaire, mais une volonté de réancrer la gauche dans un récit républicain, travailleur et européen. « On n’est pas d’accord avec Jean-Luc Mélenchon, mais lui a bossé. Il faut qu’on rattrape des années de retard », concède un proche, qui reconnaît la cohérence stratégique du rival.
Mais l’union à gauche reste une équation complexe. Pour Glucksmann, parler d’une « gauche unie » relève de « l’hypocrisie ». Il acte qu’il y a deux pôles : celui d’une gauche radicale autour de LFI, et celui qu’il veut incarner, avec l’appui du Parti socialiste. C’est d’ailleurs ce dernier qui apparaît comme son partenaire naturel, malgré les tensions. Le premier secrétaire Olivier Faure, lui-même dans les starting-blocks pour 2027, appelle à une plateforme commune incluant d’autres figures comme François Ruffin.
Mais Glucksmann refuse toute primaire. Il mise sur la dynamique d’opinion, persuadé que le « vote utile » se cristallisera autour de lui, sans passer par les urnes internes d’une gauche souvent fracturée. Un pari risqué, alors que des figures comme François Ruffin insistent au contraire sur l’importance de laisser « le peuple de gauche voter », dans une démarche participative et unificatrice.
Et puis, il y a le facteur Léa Salamé. La récente nomination de sa compagne à la présentation du 20h de France 2 a relancé les soupçons de conflits d’intérêts. Lui comme elle assurent que leurs vies sont strictement séparées, mais le débat enfle déjà dans la sphère médiatico-politique.
Place Publique reste aussi un petit parti, avec un député et un sénateur seulement. Pour certains socialistes, Glucksmann ne pourra rien sans le PS. Mais l’homme avance à pas fermes, conscient que l’heure est à la structuration, au travail de fond et à la crédibilité. En 2027, il ne veut pas arriver les mains vides.